Une étoile dans la nuit ...
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En rentrant ce soir là à la maison, Nesrine avait une mine misérable, abattue et dégoutée. 
En la voyant sa mère a envisagé le pire dans les résultats des analyses sanguins :
- « Alors, qu'est ce qu'il y a, qu'est ce qu'ils ont trouvé ? »
-«Pas grand-chose, ce n'est pas une anémie .... »
Et les larmes ont commencé à couler.
-« Je t'en pris Nesrine, ne nous cache pas la vérité, comment ça tu n'as rien
et que tu pleures ? »
Dés que les autres mères ont entendu le mot « pleurer » chacune d'elle a accouru
et à laisser tomber ce qu'elle avait dans les mains, et toutes ont dit en même temps :
-« Tu vas nous dire c'est quoi ou pas ? »
-« Je suis diabétique, c'est ce que les résultats ont révélé. »
-« Diabétique, cela veut dire que tu as du sucre dans le sang » répond l'arrière
grand-mère
-« C'est un peu cela, maman, c'est comme toi qui a du sel »
- « Bien, si ce n'est que cela ce n'est pas grave, on va faire du régime ensemble
Nesrine » répond l'arrière grand-mère dans une attitude complètement
décontractée.
-« Non, mamie, le diabète c'est plus compliqué que le sel » réplique Nesrine.
Les deux autres mères se sont assises sur le sofa, à réfléchir à ce nouveau drame qui leur tombe sur la tête. Nesrine les a laissé toutes dans le salon pour rejoindre sa chambre et pleurer à son aise. A l'heure du diner, quand toutes les femmes se sont retrouvées autour de la table, la mère de Nesrine ouvre la discussion par une résolution prise par les dames:
- « Demain, tu iras voir Docteur Benchekroun, il est le meilleur de la ville et on va
refaire les analyses pour s'assurer de ce diabète » Nesrine ne dit, rien, et personne
n'a pu manger ce soir là.
Le lendemain comme prévu, la mère et la fille ont était chez le docteur, qui a prescrit une autre liste d'analyses que Nesrine devrait faire dans un laboratoire privé.
Après une journée, les résultats ont étaient prêts, et le verdict est tombé. Nesrine avait un diabète non insulinodépendant, et qui est dans les 90% des cas héréditaire.
A leur retour à la maison, l'ambiance était presque d'un deuil, tristesse et larmes et même la voisine s'en est mêlée, la maladie est souvent assimilée à l'échec. Il fallait attendre l'arrivée de Madame Noumo, une sociologue, voisine aussi de Nesrine, pour alléger l'atmosphère et réveiller les esprits, elle rentra dans la chambre de la fille pour la soulager et lui remonter le moral. Et c'est la que Nesrine à avouer à cette dame les doutes qu'elles avaient au sujet de sa filiation.
- «Tu vois madame Noumo , je sais que mon diabète est héréditaire alors que
personne n'est diabétique dans ma famille, ma mère et mes grand mères n'ont
jamais voulu me parler de la famille de mon père, peut être que je tiens d'eux,
mais n'empêche, je veux au moins les connaître, imagine que quelque part, j'ai des
cousins et des cousines peut être même des oncles, tout ce que je sais c'est que mes
parents ont étaient tués dans un accident de voiture après 6 mois de ma naissance,
que ma mère biologique est la demie sœur de ma tante, mais même la, je ne
connais pas la famille de ma mère, tu me comprends, je suis complètement
déroutée ,je ne comprends pas pourquoi autant de mystère sur cela , pourquoi à
chaque fois que j'aborde le sujet on me cloue le bec, je veux connaître le reste de ma
famille »
Noumo est restée attentive, sans rien dire, elle connaissait l'histoire mais ne pouvait en aucun cas la révéler
à la fille c'était le rôle des dames de la maison, tout ce qu'elle a pu lui dire c'est:
- « Tu te fais des histoires, je pense qu'on aime pas parler de cet épisode douloureux
dans la vie de famille, peut être qu'on a pas gardé de contact avec la famille de ton
père ou avec la famille maternelle de ta mère biologique, mais je suis sure que tu
es leur fille, regarde l'amour qu'elles te portent, alors ne te brouilles pas l'esprit
avec cela , penses plus à prendre soins de toi c'est l'essentiel »
Mais ce que Noumo ne savait pas c'est que par sa réponse elle venait de se trahir,
Nesrine n'avait pas de doute qu'elle était bien la fille de la famille, mais ce qui la préoccupait c'était l'histoire
de la famille qui avait beaucoup de secrets et des zones sombres.
Le soir même, elle a ré ouvert le chapitre à ces mères, toutes trois ont presque été étouffées quand la fille a encore mis sur le tapis son histoire de rousse, de diabète, de famille paternelle et de photos d'elle bébé.
Mourad ne comprenait plus Nesrine qui s'éloignait de lui petit à petit, il s'est dit que cela était l'effet du choc, qu'il devait être patient.
Le long de leurs trajets dans le train, le couple ne se parlait même plus, Nesrine ne mangeait presque plus et n'avait plus ce beau sourire innocent.
A la maison c'était la surveillance triplée, chaque mère venait lui rappeler l'heure
des médicaments, être au prés d'elle pour bien se nourrir, mesurer son taux de glycémie, c'était devenue l'affaire familiale.
Chaque mère est devenue un petit espion sur l'état d'esprit de la fille.
Et par une nuit de pluie d'automne après des heures de réflexions et de plans échafaudés,
Nesrine est arrivée à une solution.
Descendre sur Oran était risqué, la route était minée de faux barrages, elle ne voulait pas risquer la vie de Mourad, surtout, la sienne importait peu à cause de son état.
Dans son escapade, c'était Mourad son chauffeur, il était d'accord pour cela. Mais Nesrine opta pour une solution plus réaliste et tout prés d'elle. Sa mamie avait un coffre, celui des papiers de la famille et la clé était toujours dans son soutien gorge, comme cachète, il n y avait pas plus sûr, Nesrine était certaine de trouver quelques réponses à ses questions, des adresses peut être et même des photos...............
