Un jour de plus, un autre de moins ......vers toi

Publié le par les fleurs du Sultan

10 -

    Le lendemain, Rue Amir Abdelkader en plein centre de Bejaïa, Nesrine et Sarah étaient déjà prêtes à affronter les registres de la mairie .

A 8h du matin, elles attendaient devant la porte Mr Nejar le responsable des archives, comme à son habitude, il n'était la que vers les 9h du matin.
Les deux filles le suivirent dans un bureau sombre avec des murs défraichis,une forte odeur de moisie, pas de fenêtres, pas de vie dans ces couloir du sous sol.
On ne trouva qu'une chaise avec un bureau sale portant des couches depoussière, Mr Nejar, mit devant les deux filles deux douzaines de registres pour le début de leur recherche, puis s'en alla prendre son café matinal.
Seules, Nesrine et Sarah se regardèrent, elles n'avaient pas imaginé l'ampleur du travail qui les attendait.
Elles prirent leur kleenex pour nettoyer un peu le bureau, et Sarah s'installa dessus et prit le 1er registre et dit à son amie :

-        « On a qu'à prier que ton frère ou ta sœur est vu le jour en 1971,
comme cela on ne va pas passer la journée ici »

Et le silence régna dans le bureau des archives dans ce sous sol délabré.
On avait presque oublié l'heure, et les deux filles après quelques heures n'avaient rien trouvé sur Bakri.
Le désespoir s'infiltra dans le cœur de la petite rousse, elle espérait tellement de ce petit voyage vers Bejaïa, mais l'aventure devait se terminer ce jour même, quelle mensonge donner encore à ces mères.
Quand soudain Sarah cria :

-        « J'ai une Bakri, avec son père Messaoud, elle est née le 19 février 1978, je pense que c'est ta sœur, regarde »

-        « C'est vrai, qu'on a le même non et prénom du père, tu penses que c'est ma sœur ? »

-        « Pourquoi pas, mais cela ne nous avance en rien, il n' ya pas d'adresse dessus, comment on va faire, on est bête on n'a pas pensé à cela avant »

-        « C'est vrai, mais réfléchis, si elle est née en 78, elle a dû aller à l'école, au collège, on a qu'à voir dans les collèges de la ville »

-        « Tu rêves debout Nesrine, tu sais combien il y a de collège à Bejaïa, il nous faudra passer au moins un mois ici »

-        « Oui je le sais, mais je ne veux pas croire que j'ai fait tout ce chemin pour revenir avec rien »

-        « Ce n'est pas rien , on a déjà une piste , on pourra revenir après , Nesrine , dit , tu ne pensais tout de même pas régler une affaire pareille en24 heures , c'est impossible , en plus on a lancé les recherches au commissariat , il nous a promis de faire son possible , s'il y a quoi que ce soit il va contacter ma tante et on pourra revenir »

-        «Je sais, j'avais mis tellement d'espoir »

Sarah était heureuse de sortir de ce trou, il faisait froid, et l'atmosphère avait
une touche morbide dans ce sous sol.
Il fallait penser maintenant à rentrer sur Alger.

    Le soir même quand Nesrine, rentra à la maison, ces trois mères l'accueillirent bras grands ouverts.
A les voir on croira que la séparation a duré des semaines, Nesrine était insensible à tout cet amour, son cœur avait pris le large vers un horizon qu'elle a du mal à dessiner.

Mourad n'ayant aucune nouvelle d'elle, désespéra de la revoir.
Ils ne se sont revus qu'une semaine après, l'anniversaire de Nesrine était  belle et bien une date passée.
Mais il tenait à lui offrir son cadeau, c'était une chaine en or avec deux cœurs ,le sien et celui de la rousse.
Nesrine devant un si beau cadeau resta muette, ses joues se sont enflammées, ses yeux se sont remplis de larmes, son cœur saignait et sa bouche resta fermée.
Quoi dire à cet homme qui reste fidèle dans l'ombre, et attentif en silence.
Elle regarda Mourad dans les yeux, les paroles des prunelles des yeux sont  un concert d'amour en paix et en secret.
Il osa enfin lui donner le baiser qu'elle attendait surement en fond d'elle, cette caresse de ses mains sur ses joues, ce contact qui la rapprocha de lui pour s'oublier un peu, pour être enfin dans la peau de son bien aimé.
Elle se laissa bercée pour se reposer des tourments de son esprit, de la colère de son cœur et de la déception de son âme.
Il lui suffisait d'un baiser pour se lâcher et se faire aimer par cet homme qui la regarda sans parler, qu'il embrassa sans se culpabiliser, lui aussi oubliait, sa vie, sa noblesse et sa fierté devant la petite rousse qui pleurait.

    Les deus amoureux dans ce restaurant sur la plage d'Alger, sont restés une heure ainsi, ils laissaient leurs corps se vidaient des charges de la vie , enlacés , l'amour des deux cœurs se parlait et cela suffisait pour les deux.

Le bruit du bateau qui rentre dans le port a soulevé le voile de la discrétion sur les deux amoureux, et le retour vers la destinée.
-        « Et si tu me disais ce qui t'arrives ? »
-        « Je ne sais pas si tu es capable de l'assumer. »
-        « Tu ne pourras jamais le savoir si tu ne me le dis pas, pense, que je suis là pour toi, je ne suis pas jeune pour des folies de cœur, ni un étourdi par les délires de la vie, tu sais bien que je porte en moi l'homme responsable »
-        « Je sais, et c'est aussi pour cela que je me demande si tu vas bien porter la responsabilité de mon passé »
-        « Donc c'est du passé qu'il s'agit »Mourad l'avoua presque qu'il était soulagé,il avait peur que le changement de Nesrine était dû à une rencontre  amoureuse avec un plus jeune.
-        « Oui c'est mon passé et mon avenir aussi »
-        « Vas y tu peux me le dire, fais moi confiance, et juges après »
-        «Tu sais le jour ou je suis tombée malade et que l'endocrinologue m'a dit que mon diabète était surement héréditaire, ce jour là je ne sais pour quelle raison , j'ai eu cette idée de chercher dans mes origines, je trouvais cela étrange d'autant plus que ma grand-mère affirmait que jamais un membre de notre famille n'a été diabétique .J'ai cherché , mais ce que j'ai trouvé; était plus douloureux que la maladie même.Je suis adoptée Mourad , je ne suis pas la fille à mes mères, je veux dire, je ne suis pas la fille de la demie sœur de ma tante que j'appelle maman
depuis toujours , j'ai toujours cru en cette histoire, que j'étais la fille de Khadija la demie sœur , et voilà que j'apprends que ma vraie mère est une Khadija de Bejaia, que mon père s'appelle Messaoud Bakri , que ma mère avait fait une gaffe toute jeune , et je suis cette gaffe »

Mourad écoutait tranquillement, il ne semblait pas choqué, ni déçu ,
ce qui intrigua plus Nesrine :

-        « Tu ne dis rien »

-        « Je t'écoute ma puce, alors c'est cela qui t'a changé, tu avais peur de ma réaction devant cela, mais tu n'es pour rien dans ce passé, tu ne l'as pas choisi, d'ailleurs qui choisi ses parents ? personne. Bon, tu n'es
pas leur fille biologique, mais tes mères t'adorent, elles t'aiment plus que tout au monde, je les ai vues quand tu es tombée malade »

-        « Je sais qu'elles m'aiment, mais je voudrais connaitre mes vrais parents tu sais que j'ai une sœur »

-        « comment le sais-tu ? »

-        « Je suis allée à Bejaïa avec Sarah la semaine passée et j'ai fait des recherches »

En ce moment là, Mourad était surpris ;

-        « Vous êtes allées seules là bas, mais c'est risqué, tu m'étonnes Nesrine, et qu'en penses tes mères ? »

-        « Elles ne savent pas, tu penses ! elles ne veulent plus que je parle de mes parents biologiques, mais moi je n'arrive pas à faire un trait la dessus »

-        « Je les comprends »

-        « Tu comprends qui ? »

-        « Tes mères »

-        « Bein dis donc merci, je pensais que tu allais me comprendre moi et non pas elles »

-        « Mais je te comprends, attends ne te fâches pas et ne fais pas cette tête, laisse moi t'expliquer , ma chérie ( c'était la première fois qu'il l'appelle comme cela , Nesrine était surprise , elle ne savait plus si cette chérie était pour l'amadouer ou parce qu'il le pensait vraiment) Ma chérie , je comprends  que tu sois choquée et que tu veuilles découvrir toute la vérité, mais il faudra aussi te dire que le passé c'est déjà dans l'oubli, ton père ne connaît rien sur toi , il doit avoir une famille , comment penses tu qu'il va réagir si tu ré-apparais comme ça dans sa vie , et ta mère biologique , tu as pensé à cela , elle doit être mariée avec des enfants , si elle n'a rien dit sur toi, tu ne vas que la faire souffrir si tu te manifestes maintenant »

-        « Je ne suis pas dupe, je sais que mon père ne va pas m'ouvrir ces grands bras, je ne vais pas m'imposer, je veux juste le voir , rien que ça , et ma mère biologique aussi , il y a une chance qu'elle ne m'a pas oublié, je veux savoir si elle pensait à moi »

-        « A t'entendre, j'ai l'impression que tu manques d'amour, alors que tu es couverte d'affection »

-        « Je ne manque pas d'amour Mourad, mais je sens que je suis une autre, entre Nesrine l'étudiante, la fille des trois mères et celle qui a été rejetée par ces parents biologiques, c'est une bataille dans mon esprit pour prévaloir l'une sur l'autre, quand je mets ma tête sur l'oreiller je ne sais qui écoutait, je sais si je ne fais pas ce pas je ne trouvrais jamais faire la paix en moi  et je me poserais toujours cette question. »

-        « Je te comprend »

Puis le silence a reprit ces droits sur l'ambiance et chacun a prit un chemin de réflexion quand Mourad dit :

-        « Et pourquoi tu ne m'as rien dit avant »

-        « Tu es de la famille Bennani, la grande et noble famille Bennani, alors que je suis une b....., »

Mourad n'a pas laissé Nesrine continuer
-        « Je vois que tu ne me connais pas bien Nesrine »

-        « Certes je ne te connais pas assez, mais je pense que ce sont les épreuves de la vie qui nous font connaître les gens sincères »

-        « Moi, je découvre une femme au lieu de la fille rousse de cela une année, et je suis fou d'elle »

Nesrine rougit à nouveau, elle était soulagée et heureuse de savoir que son amour n'a pas été ébranlé par son passé.
-        « Tu comptes poursuivre tes recherches sur tes parents biologiques »

-        « Oui, au commissariat de Bejaïa, le policier m'a promit de faire des recherches, j'attends »

-        « J'attends avec toi, mais cette fois ci je viens avec vous les chipies »

Les deux sourirent et passèrent l'après midi ensemble dans l'attente d'un avenir.

Les couleurs du futur sont celles qu'on dessine avec nos prières et nos vœux.



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Commenter cet article
S
<br /> Dans l'attente d'un avenir plein de morceaux de sucre, que Morad devra désormais porter en permanence avec lui, a chaque fois qu'il rencontre Nessrine, la diabétique...<br /> <br /> Sacrés Morad, qui n'a jamais remonté l'échelle depuis.<br /> <br /> <br />
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A
Belle histoire et un bel écrit Souad... BISES
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S
Je m'excuse d'avoir été si longtemps silencieuse. Néanmoins j'ai quand même tenu à répondre au commentaire que vous m'avez laissé il y a déjà quelque mois...Je vois que vous écrivez également? Je vais prendre le temps de vous lire à mon rythme, promis :)<br /> <br /> bien à vous :),<br /> Calliope
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A
Super la vidéo, merci, et le texte aussi<br /> <br /> bises Souad
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©
Bonjour Souad,<br /> je manque de tps pour passer te saluer plus souvent...mais bon<br /> Voilà, ainsi je viens te dire que je ne t'oublie pas hein...<br /> allez bisous<br /> a+<br /> Hévie
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